Balado de Services financiers Innovation CIBC

L’avenir de la sécurité alimentaire avec Dr Michael Gilbert et Dr Sylvain Charlebois

Episode Summary

La chaîne mondiale d’approvisionnement alimentaire est le marché le plus vaste et le plus interconnecté au monde, et la pandémie de COVID-19 a rapidement démontré que les maillons les plus faibles de cette chaîne d’approvisionnement ne sont qu’amplifiés par des problèmes économiques et politiques complexes. Lorsque nous parlons de quelque chose d’aussi essentiel que l’accès aux aliments et leurs prix, certains chiffres sont renversants. Lors de cet épisode, nous discutons avec le Dr Sylvain Charlebois et avec le Dr Michael Gilbert, chef de la direction de Semios, de la situation mondiale de la sécurité alimentaire et de la façon dont la technologie de Semios contribue à améliorer la chaîne d’approvisionnement alimentaire mondiale et à créer un secteur agricole plus durable.

Episode Notes

La chaîne mondiale d’approvisionnement alimentaire est le marché le plus vaste et le plus interconnecté au monde, et la pandémie de COVID-19 a rapidement démontré que les maillons les plus faibles de cette chaîne d’approvisionnement ne sont qu’amplifiés par des problèmes économiques et politiques complexes. Lorsque nous parlons de quelque chose d’aussi essentiel que l’accès aux aliments et leurs prix, certains chiffres sont renversants. Lors de cet épisode, nous discutons avec le Dr Sylvain Charlebois et avec le Dr Michael Gilbert, chef de la direction de Semios, de la situation mondiale de la sécurité alimentaire et de la façon dont la technologie de Semios contribue à améliorer la chaîne d’approvisionnement alimentaire mondiale et à créer un secteur agricole plus durable.

La première étape pour résoudre un problème est de le quantifier.

La plupart des problèmes d’une ferme sont influencés par deux facteurs clés : la chaleur et l’eau. Ces facteurs sont essentiels pour les entreprises de technologie agricole comme Semios, car en faisant simplement un suivi, elles peuvent créer des offres de produits robustes et complètes qui aident les agriculteurs à faire leur travail.

Les agriculteurs sont limités par les technologies disponibles.

L’imposition de restrictions comme une taxe sur le carbone peut présenter des avantages évidents, mais, au bout du compte, les agriculteurs sont à la merci des technologies disponibles. Pour sécher les grains à la récolte, il faut du propane. Il n’y a pas d’autre technologie disponible. Comment les innovateurs et les décideurs trouvent-ils des solutions qui profitent à la fois au secteur agricole et au public tout en réglant des problèmes mondiaux comme les changements climatiques?

La sécurité alimentaire est un enjeu mondial, mais elle nous touche plus près que vous ne le pensez.

Parfois, les pays ont tendance à penser qu’ils sont isolés des autres. En réalité, ce n’est pas du tout le cas. Les gens se soucient de manger localement et de comprendre d’où viennent leurs aliments, mais le fait de rester concurrentiel sur le marché mondial se résume à la technologie et à la façon dont nous pouvons réaliser des économies d’échelle.

 

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Episode Transcription

 

Michael Hainsworth:  Dans cet épisode, nous discutons d’un problème qui touche chacun d’entre nous dans une certaine mesure, la sécurité alimentaire. Ou peut-être plus précisément, l’insécurité alimentaire. 

Sylvain :  L’accessibilité, ou l’accès à la nourriture sont très importants. C’est la seule chose qui a vraiment été un peu compromise en mars et en avril au Canada. Du moins, les gens ont eu l’impression que c’était compromis. 

Michael Gilbert :  Pour qu’un agriculteur réussisse, il est absolument essentiel de comprendre quand et où les choses vont se passer. Et ce que nous faisons, c’est que nous surveillons ces conditions et prévoyons en quelques heures si un événement à risque est susceptible de se produire. 

Michael Hainsworth: Bonjour, je m’appelle Michael Hainsworth. Le balado de Services financiers Innovation CIBC explore le monde des entreprises en démarrage, des entreprises en phase de croissance et des entreprises établies qui ont fait une percée importante dans leurs secteurs partout dans le monde. Nous parlons aux entrepreneurs qui laissent leur marque grâce à leur passion sans peur à l’égard de ce qu’ils font. Grâce aux leçons qu’ils ont apprises, nous apprenons comment mieux gérer nos propres entreprises, mobiliser nos propres clients et explorer de nouvelles façons de penser à l’économie de l’innovation. 

Michael Hainsworth: La COVID-19 nous a montré que les maillons les plus faibles de la chaîne d’approvisionnement alimentaire qui existaient bien avant qu’une pandémie mondiale ne ferme nos frontières s’affaiblissent, mais qu’il existe des solutions. Pour l’économie de l’innovation, ces solutions sont souvent techniques. Après tout, si vous pouvez quantifier un problème, vous pouvez le régler. Mais parfois, un problème ne peut pas être résolu avec une simple solution technologique. Il faut des gens engagés pour résoudre un problème qui semble insurmontable en surface. Nous accueillons maintenant le Dr Sylvain Charlebois, affectueusement connu sur les médias sociaux comme le Food Professor. Il travaille à l’Université Dalhousie. Dr Charlebois a passé une grande partie de sa carrière à se battre pour les agriculteurs locaux. Il parle de la nécessité d’une solution canadienne à nos problèmes de sécurité alimentaire et du rôle que joue le capitalisme dans la réalisation de ces solutions. Comme bon nombre de ces solutions sont techniques, le Dr Michael Gilbert, chef de la direction de Semios, se joint à nous pour discuter du rôle de l’Internet des objets dans la résolution de cette crise qui précède la pire pandémie en 100 ans. Nous avons commencé notre conversation en définissant la sécurité alimentaire. Avant de discuter de sécurité alimentaire, définissons-la d’abord et, je suppose, son terme connexe, l’insécurité alimentaire. 

Sylvain: Absolument. Nous parlons beaucoup de sécurité alimentaire depuis une dizaine de mois. En raison de la COVID-19, les gens sentaient qu’ils éprouvaient de l’insécurité alimentaire, même si ce n’était pas vraiment le cas. Ils l’ont ressenti en voyant des tablettes vides et nous avons constaté un sentiment de panique dans les magasins. Il y a donc une compréhension aiguë de ce qu’est la sécurité alimentaire. Mais ce que cela signifie, c’est qu’il y a quelques aspects de la sécurité alimentaire que nous devons garder à l’esprit. D’abord, l’accessibilité, ou l’accès à la nourriture sont très importants. C’est la seule chose qui a vraiment été un peu compromise en mars et en avril au Canada. Du moins, les gens ont eu l’impression que c’était compromis. Je ne pense pas que c’était le cas, mais les gens l’ont senti. C’est là une différence appréciable. Deuxièmement, le prix a beaucoup d’importance. Nous parlons souvent du prix des aliments, à savoir si un marché peut ou non se permettre d’acheter les aliments vendus. De toute évidence, l’inflation est un facteur important. Si l’inflation est de 10 %, il est évident que vous abandonnez beaucoup de monde. Enfin, il faut parler de salubrité. Les aliments que vous offrez à une population doivent être salubres. Ce sont les trois aspects de la sécurité alimentaire qui sont très importants. 

Michael Hainsworth: L’inflation des prix des aliments est quelque chose que je n’anticipais pas vraiment. Mais un ménage canadien sur dix souffre d’insécurité alimentaire, et seulement six ménages sur dix ne tiennent pas compte de l’accès à la nourriture, comparativement à sept sur dix auparavant. Nous avons donc 4,1 millions de Canadiens de plus qui considèrent l’accès à des aliments abordables pour leur survie comme un défi. 

Sylvain: La faim est un état silencieux. Vous ne pouvez pas vraiment la voir, mais elle existe. Nous la voyons sur les campus universitaires. En fait, beaucoup d’étudiants vont à l’école le ventre creux parce que, bien entendu, ils doivent payer leurs frais de scolarité. Ils doivent payer pour différentes choses. Et souvent, la nourriture ne s’insère pas du tout dans leur budget, malheureusement. Nous le voyons dans de nombreux endroits différents auxquels nous ne nous attendrions pas. L’achalandage dans les banques alimentaires augmente en raison de la COVID-19, et c’est pourquoi en tant que laboratoire, nous avons fait beaucoup de cadeaux et de dons aux banques alimentaires. Je suppose qu’en 2020, nous avons donné en tant que laboratoire grâce aux honoraires qui nous ont été remis pour des conférences, des discours et ce genre de choses. Nous n’avons pas à voyager. Nous avons demandé à toutes les organisations de redonner aux banques alimentaires. La valeur s’élevait à environ 25 000 $ au cours de la dernière année. Elles ont besoin de toute l’aide possible. 

Michael Hainsworth: J’ai été fasciné d’apprendre que la taille moyenne d’une ferme aux États-Unis est la plus petite depuis plus de 20 ans. Pour ce qui est des fermes de blé et de maïs plus traditionnelles, la technologie joue-t-elle un rôle pour aider à régler ce problème? 

Sylvain: Oh, absolument. La taille des fermes change. Ce qui est ironique avec la technologie, quand on regarde l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement et les deux extrémités du continuum alimentaire, on constate en fait plus d’innovation dans les fermes que dans la vente au détail d’aliments. En fait, les salaires ont augmenté dans les fermes. Il y a moins de travailleurs. La robotique a beaucoup évolué. Les agriculteurs utilisent plus de technologie et d’automatisation que jamais, selon les cultures, bien sûr. Pour certaines cultures comme les fraises et les baies, vous avez encore vraiment besoin de cette main-d’œuvre. C’est très exigeant en main-d’œuvre, mais en fait, les robots et l’automatisation jouent un rôle beaucoup plus important à la ferme que dans la vente au détail. La plupart des épiceries fonctionnent encore comme il y a 30 ans. C’est pourquoi les salaires n’ont pas beaucoup changé. Beaucoup de gens gagnent 13 $, 14 $ ou 15 $ par heure. Ce problème a été soulevé lors de la pandémie de COVID-19. Les gens se rendent compte que certaines personnes ne gagnent pas nécessairement beaucoup d’argent. Ils ne peuvent pas les payer davantage parce que le modèle n’a pas changé du tout. 

Michael Hainsworth: En fin de compte, toutefois, il semble que le plus grand problème entourant la sécurité alimentaire soit les changements climatiques. 

Sylvain: Je dirais que c’est le principal problème. Ce qui est intéressant en ce moment, bien sûr, c’est l’entrée en vigueur de la taxe sur le carbone. En décembre, le premier ministre a annoncé qu’Ottawa avait l’intention d’augmenter la taxe sur le carbone à 170 $ par tonne métrique d’ici 2030. C’est un bond important. Les agriculteurs, qui sont sans doute l’un des meilleurs défenseurs de l’environnement et qui ont toute la chaîne d’approvisionnement, savent que les changements climatiques sont un énorme problème. Comment résoudre ce problème? Les gens ne sont pas nécessairement d’accord. Selon moi, la taxe sur le carbone est la façon rapide et facile de s’occuper des pollueurs. Le concept est simple. Mais les agriculteurs sont vraiment coincés en ce moment, parce que pour faire sécher des céréales au moment de la récolte, par exemple, il faut du propane. Il n’existe pas d’autre technologie. Sur le plan de la technologie, ils sont à la merci de ce qui existe et doivent donc payer une taxe sur le carbone, et à l’heure actuelle, l’agriculteur moyen ou le céréaliculteur paierait probablement entre 25 000 $ et 50 000 $ en taxe sur le carbone. Ce sont des coûts qui doivent être absorbés. Ils ne peuvent pas vraiment refiler la facture parce qu’ils ne fixent pas les prix. C’est le grand défi posé actuellement par les changements climatiques. Comment pouvez-vous atténuer ces changements au fil du temps? Cela semble faire actuellement l’objet d’un grand débat dans le secteur agricole. 

Michael Hainsworth: Eh bien, il doit aussi y avoir un débat mondial, car la chaîne d’approvisionnement alimentaire mondiale est peut-être aussi le marché le plus important et le plus interconnecté au monde. Ce qui se passe à l’autre bout du monde a assurément une incidence ici, chez nous. 

Sylvain:  Nous sommes quelque peu préoccupés par certaines politiques mises en œuvre au Canada. Parfois, les pays ont tendance à croire que leur propre pays est isolé des autres. Mais dans le secteur de l’alimentation, ce n’est pas du tout le cas. Si vous imposez une taxe sur le carbone à nos agriculteurs, ils deviendront moins concurrentiels et, par conséquent, vous allez probablement importer plus d’aliments. Et ce n’est pas nécessairement ce que veulent les Canadiens. En fait, ils veulent plus d’aliments locaux, et ils veulent aussi que ces aliments locaux soient plus abordables. L’arrivée de l’administration Biden/Harris est en fait une bonne nouvelle du point de vue environnemental, car vous verrez les États-Unis se joindre de nouveau à l’Accord de Paris. Je soupçonne que cette administration se penchera sur des mesures précises, comme une taxe sur le carbone aux États-Unis, qui pourrait créer des règles du jeu équitables pour tous en Amérique du Nord. Cela va aider le Canada. 

Michael Hainsworth: Pour le Dr Charlebois, puisque le Dr Gilbert se penche sur l’Europe et l’Asie, quels sont certains des problèmes de sécurité alimentaire sur le continent et à l’étranger qui doivent être examinés? 

Sylvain: Toute cette question de l’autonomie alimentaire est devenue une priorité pour de nombreux gouvernements occidentaux. La COVID-19 a vraiment tout changé, non seulement en ce qui concerne la façon dont les gens perçoivent les systèmes alimentaires, mais aussi la façon dont les gouvernements les perçoivent. Au cours des six derniers mois, notre laboratoire a travaillé avec quatre provinces différentes : le Nouveau-Brunswick, le Québec, l’Ontario et l’Alberta. Toutes ces provinces se concentraient d’une façon ou d’une autre sur la sécurité alimentaire, mais la plupart d’entre elles avaient une composante agricole d’environnement contrôlé. Elles veulent plus d’aliments tout au long de l’année, surtout des fruits et des légumes. La technologie ou l’accès à la technologie poussent une culture accrue dans ces provinces tout au long de l’année. En fait, en Ontario, nous faisons maintenant pousser des bananes. Pourquoi ne pourrions-nous pas cultiver des bananes en Ontario? Pourquoi? Toutefois, le coût est très élevé. C’est pourquoi il est encore moins coûteux d’importer des bananes, car à l’heure actuelle, le prix sur les marchés mondiaux est très, très bas grâce à cette technologie. Je pourrais voir le Canada produire un jour du café, du cacao, de la vanille et des bananes. Il n’y a vraiment pas de limite. Mais cela se résume à la technologie et à la façon de réaliser des économies d’échelle. C’est vraiment la clé. 

Michael Hainsworth: Et Dr Charlebois, quelle sera la prochaine technologie de sécurité alimentaire selon vous? 

Sylvain: Il est de plus en plus reconnu que le capital est essentiel. Le secteur agroalimentaire demeurera toujours une activité à faible marge et à volume élevé, ce qui est vraiment inquiétant pour les investisseurs en capital de risque. Ils n’aiment pas du tout entendre cela. Les investisseurs en capital de risque ou les gens qui veulent investir ne sont pas nécessairement aussi patients. Mais dans le secteur agroalimentaire, il faut l’être. Et comme la sécurité alimentaire est une priorité au Canada en particulier, je dirais que les investisseurs pourraient probablement envisager l’agroalimentaire sous un autre angle. La patience serait évidemment essentielle pour le secteur lui-même. Le rôle du gouvernement ne doit pas non plus être négligé. En fait, je crois que les provinces et le gouvernement fédéral ont un rôle à jouer dans le secteur agroalimentaire pour fournir des fonds de démarrage, par exemple, pour certains de ces projets. À plus long terme, il y a l’industrie des protéines au Canada, et l’initiative des Supergrappes est un bon exemple dans l’Ouest. Le gouvernement fédéral a investi 120 millions de dollars dans la recherche sur les protéines et cela a permis à des entreprises comme Nestlé, Merit Foods, AGT, et Roquette du Danemark de s’installer. Elles ont toutes investi dans les Prairies pour produire plus de protéines ou de produits à base de plantes dans cette région, ce qui a généré peut-être 350 millions de dollars, ce qui est impressionnant. C’est le genre de choses que nous constatons de plus en plus parce qu’on reconnaît l’importance des systèmes alimentaires locaux. En raison de la COVID-19, nous observons de plus en plus d’approvisionnement local et à proximité. Labatt réinvestit à London, en Ontario. Kraft Heinz réinvestit à Montréal, en construisant une nouvelle usine de ketchup. Ce genre de chose se produit de plus en plus et, selon moi, cela apporte de l’espoir aux entrepreneurs et aux investisseurs. 

Michael Hainsworth: On parle beaucoup de la prochaine révolution industrielle. Nous en avons déjà eu trois. Tout d’abord, les agriculteurs ont déménagé dans les villes pour travailler dans des usines alimentées par des lampes à gaz et des moteurs à vapeur. La deuxième révolution industrielle a été déclenchée par trois inventions clés : le moteur à combustion, l’avion et une nouvelle technologie appelée l’engrais chimique. C’est ce qui a permis à la société de faire un énorme bond en avant pour les distances parcourues et la qualité des aliments consommés. Cette révolution a augmenté notre espérance de vie de plusieurs décennies. Vous avez vécu la troisième révolution industrielle. C’était la première révolution numérique, grâce à laquelle les circuits intégrés et les microordinateurs nous ont permis de faire des calculs et de communiquer à la vitesse de l’électricité et de la lumière. Mais le Dr Gilbert est à l’avant-garde de la quatrième révolution industrielle, l’Internet des objets. Ses appareils sont dispersés dans les champs des agriculteurs, assurant une surveillance constante d’un environnement qui évolue rapidement en raison des changements climatiques. Mais au lieu de pulvériser des pesticides, il adopte une approche très axée sur la révolution industrielle 2.0. Ses dispositifs pulvérisent des produits chimiques qui chassent les parasites pendant leurs cycles de reproduction, ceux qui sont si dommageables pour les cultures aujourd’hui. 

Michael Hainsworth: Dr Gilbert, donnez-nous une idée du rôle que joue la technologie dans le maintien de l’inflation des prix des aliments au niveau habituel de 1,5 % à 2,5 %, et non au niveau actuel de 4,5 % ou de 4 %. 

Michael Gilbert: L’agriculture a toujours été difficile et, aujourd’hui, il y a une pression constante liée à l’augmentation des coûts de production et à un lourd fardeau réglementaire. Et cela, bien sûr, a une énorme incidence sur le coût pour les consommateurs, mais aussi sur la rentabilité pour l’agriculteur. Nos outils les aident donc à s’adapter à l’augmentation des coûts de production et à la nécessité d’adopter des pratiques agricoles plus durables. 

Michael Hainsworth: C’est formidable pour moi. Semios soutient, quoi, 500 fermes aux États-Unis? 

Michael Gilbert: Oui, même plus. Nos activités ne cessent de croître. 

Michael Hainsworth: Et les agriculteurs vont dans leurs champs, comme nous le savons déjà. Mais sur le plan de l’adoption des technologies, cela me surprend un peu. On pourrait penser que les agriculteurs seront les derniers à adopter des technologies, mais ce n’est pas vrai. 

Michael Gilbert: Non, ce que nous constatons, c’est que les agriculteurs croient fermement en la science et croient à juste titre qu’elle peut résoudre beaucoup de problèmes dans un système complexe comme une ferme. Là où la technologie entre en jeu, c’est qu’elle permet cette science. Et ce que nous avons découvert, c’est qu’en initiant les agriculteurs à de nouvelles technologies comme l’Internet des objets ou l’apprentissage automatique et les mégadonnées, nous leur permettons d’avoir accès à de meilleures connaissances scientifiques. Je pense qu’ils comprennent que les fermes sont complexes, que chaque ferme est différente et que chaque saison est différente. Et ce que nous leur expliquons, c’est que lorsqu’on commence à faire le suivi des différentes fermes par rapport aux différentes saisons, on constate des tendances. La science est axée sur les tendances et la compréhension de ce qui se passe. Et c’est quelque chose que nous pouvons vendre aux agriculteurs. 

Michael Hainsworth: Les agriculteurs à qui vous parlez ne font pas des cultures en rangs. Nous ne parlons pas de blé. Nous ne parlons pas de maïs. Ce sont des cultures à valeur plus élevée, n’est-ce pas? 

Michael Gilbert: Exact. Oui. Nous mettons beaucoup l’accent sur ce que nous appelons les cultures spécialisées ou permanentes. Mais en général, si c’est cultivé sur un arbre, un arbuste ou une vigne, c’est ce que nous ciblons. Nous visons des cultures comme des pommes, des cerises, des noix, des pistaches, des amandes et des agrumes. 

Michael Hainsworth: Vos solutions comprennent le traitement de données, l’analyse, la modélisation et, au bout du compte, l’IA pour le genre de choses qui sont vraiment vulnérables, je peux l’imaginer, aux sécheresses, mais aussi aux parasites. 

Michael Gilbert: Nous surveillons ce qui se passe dans les champs en temps réel. Pour l’agriculture, contrairement à la médecine ou aux services bancaires, une surveillance toutes les 10 minutes, c’est du temps réel. Nous surveillons les conditions au sommet des arbres toutes les 10 minutes, par exemple, la température, le niveau l’humidité et la pression barométrique. Combien d’insectes sont présents? Ce faisant, nous sommes en mesure de prédire avec exactitude quand les choses sont sur le point de se produire. Quand il s’agit d’agriculture, surtout dans ces fermes, certaines d’entre elles deviennent de plus en plus grandes, c’est vraiment une question de logistique et de gestion du risque. Par exemple, si vous voulez pulvériser contre un insecte en particulier et que vous avez 5 000 acres, vous ne pouvez pas prendre une décision du jour au lendemain. Il vous faudra une semaine pour le faire. Pour qu’un agriculteur réussisse, il est absolument essentiel de comprendre quand et où les choses vont se passer. Et ce que nous faisons, c’est que nous surveillons ces conditions et prévoyons en quelques heures si un événement à risque est susceptible de se produire. 

Michael Hainsworth: Et quand un événement est susceptible de se produire, comment l’agriculteur réagit-il? 

Michael Gilbert: Les agriculteurs ont plusieurs options. Pour les agriculteurs qui utilisent notre trousse complète, cela comprend la livraison contrôlée à distance de phéromones. Les phéromones sont une nouvelle catégorie d’ingrédients de protection des cultures biologiques. Elles contrôlent le comportement de l’insecte sans le tuer. Vous n’introduisez donc aucun produit chimique toxique dans cet environnement. Mais pour que les phéromones soient efficaces, elles ne peuvent être livrées qu’en cas de besoin. Lorsque ce risque se concrétise, l’agriculteur peut alors décider de pulvériser une certaine quantité de phéromones dans ce champ pendant un certain nombre d’heures, et notre réseau livre cette phéromone à distance sur demande pour l’agriculteur. 

Michael Hainsworth:  C’est fascinant. Vous n’avez donc pas à vous soucier des pesticides ou de quoi que ce soit du genre parce que vous utilisez le corps de l’insecte pour le chasser. 

Michael Gilbert: Oui, nous trichons un peu avec le système, je dirais. Il existe plusieurs types de phéromones qui peuvent déclencher l’accouplement. Et lorsqu’il s’agit de dommages causés par des insectes, habituellement, tous les dommages viennent des jeunes. Si nous pouvons empêcher les insectes de s’accoupler, nous pouvons arrêter tout le processus. Et ce que nous faisons, c’est que nous intervenons et interférons avec ce comportement d’attraction sexuelle qui est nécessaire. On élimine donc la nécessité de pulvériser des pesticides toxiques sur ces cultures. 

Michael Hainsworth: L’USDA estime que 90 % des pertes de récoltes sont attribuables à des conditions météorologiques extrêmes. Et il me semble que les conditions météorologiques extrêmes, les changements climatiques et la lutte contre les parasites sont tous liés. 

Michael Gilbert:  Lorsqu’il s’agit de comprendre le fonctionnement d’une ferme, essentiellement, tout ce qui se trouve sur la ferme est alimenté par une combinaison de chaleur et d’eau. La chaleur et l’eau sont à l’origine de presque tous les processus biologiques, qu’il s’agisse de la culture d’une pomme, de la floraison d’une fleur, ou du développement d’un insecte ou d’une maladie. Tout dépend de ces deux paramètres. Ainsi, en mesurant la chaleur et l’eau à chaque acre, toutes les 10 minutes, nous pouvons comprendre comment ces choses sont liées. Il est très important pour l’agriculteur de gérer tous ces différents risques à partir d’un seul endroit. Par exemple, vous ne pouvez pas simplement irriguer votre ferme si vous devez pulvériser des pesticides ou des produits biologiques le lendemain, puisque vous ne pouvez pas aller dans le champ. Vous devez donc comprendre comment tous ces différents risques s’accumulent les uns par rapport aux autres ainsi que par rapport aux autres champs pour gagner du temps, économiser de l’argent et prendre des décisions durables. 

Michael Hainsworth: Vous avez lancé cette entreprise il y a plus de 10 ans, et vous étiez très axé sur les parasites, ciblant très précisément ce problème pour l’agriculteur. Comment la société a-t-elle évolué ces derniers temps? 

Michael Gilbert: C’était notre principal vendeur pendant de nombreuses années. C’est un domaine dans lequel nous avons un avantage important. C’est toujours notre produit de base. Nombre de nos clients constatent les liens entre les ensembles de données que nous utilisons pour lutter contre les parasites et les autres risques qu’ils tentent de gérer. Après un certain temps, nos clients nous ont demandé d’établir des partenariats avec d’autres entreprises afin d’effectuer plus d’évaluations du risque dans différentes parties de la ferme. Au fil des ans, nous avons commencé à lutter contre les insectes et maintenant, nous nous occupons de choses comme la gestion du gel, la gestion de l’irrigation, la synchronisation des cultures, la santé des arbres et les délais de livraison des nutriments. 

Michael Hainsworth: Est-ce parce que les données nécessaires pour comprendre les parasites sont essentiellement les mêmes que celles que vous recherchez pour la maladie, le gel ou même le moment de la récolte? 

Michael Gilbert: Exactement. Ces données communes établissent ce que nous appelons la vérification sur le terrain. Lorsque vous connaissez les données supplémentaires sur la chaleur et l’eau, vous comprenez essentiellement tout ce qui concerne cette ferme. Alors que nous continuons de bâtir sur notre plateforme, nous allons tirer parti de ces ensembles de données pour aider les agriculteurs à gérer d’autres aspects de leurs activités. Je pense que ce qui est le plus emballant dans notre secteur, c’est que nous avons ces données de vérification sur le terrain. Nous avons plus de deux millions de capteurs sur le terrain aujourd’hui qui parlent à notre réseau toutes les 10 minutes et nous gérons des milliards de dollars de récoltes. Ces données aideront à rendre la production agricole beaucoup plus durable. 

Michael Hainsworth: Parce que c’est un cas où vous ne pouvez pas résoudre un problème si vous ne pouvez pas le quantifier. 

Michael Gilbert:  Exact. C’est un peu comme jouer au chat et à la souris. Si vous essayez de résoudre ces problèmes sans disposer d’un ensemble de données commun, cette stratégie fonctionnera pendant un certain temps, mais cela deviendra difficile et très coûteux. Lorsque vous avez une stratégie commune et un ensemble de données commun, cela vous aide à simplifier les décisions et à être beaucoup plus efficace en fin de compte. 

Michael Hainsworth:  Imaginez simplement de petits appareils un peu partout dans un verger de pommiers qui protègent les arbres, non pas en les pulvérisant avec un produit chimique qui peut vous être nuisible si vous croquez dans une délicieuse pomme rouge, mais en travaillant avec le cerveau microscopique des parasites eux-mêmes. Entre-temps, le fait de bâtir une entreprise à partir de zéro, comme le Dr Gilbert l’a fait à Semios, est un travail d’équipe, et son équipe de Vancouver lui donne la meilleure note pour sa capacité à diriger. 

Michael Hainsworth: Je pense que nous pouvons vous quantifier, Semios et vous. Je suis sur Glassdoor. Je regarde les cotes de la société, et vous avez une cote d’approbation de 100 % pour le chef de la direction. Selon vous, qu’est-ce que vous faites bien? 

Michael Gilbert:  Pour nous, à mesure que l’entreprise a pris de l’expansion, nous avons dû nous concentrer sur les communications fréquentes. En fait, il est essentiel que tous les membres d’une entreprise poursuivent un objectif commun. Que faisons-nous? Nous faisons des choses qui aident les gens à comprendre leur contribution, pourquoi ils sont là et comment ils peuvent être plus efficaces. Selon moi, c’est la clé d’une entreprise qui connaît une croissance aussi rapide et qui semble s’orienter dans de nombreuses directions. Mais cette communication fréquente aide à orienter tout le monde dans cette direction. 

Michael Hainsworth: Et je peux imaginer que cela vous aide, surtout quand vous faites concurrence à certains des plus grands acteurs du secteur agricole aujourd’hui. 

Michael Gilbert: Ils auront leurs propres problèmes. Pour nous, lorsque nous sommes en concurrence avec une grande entreprise, notre principal avantage est que nous sommes agiles et que nous pouvons prendre des risques. En général, ces grandes sociétés ne sont pas aussi susceptibles de prendre des risques. En tant que chef de la direction, si je demande à mon équipe de prendre des risques et d’être agile, je dois m’assurer de créer une culture qui récompense les bons comportements. Je dois donc m’assurer qu’à Semios, nous prenons des risques, nous prenons des initiatives et nous avons un esprit d’équipe, parce qu’on ne peut pas demander aux gens de prendre des risques et ensuite les blâmer lorsqu’ils échouent. Il faut encourager l’échec. Vous devez célébrer tous les échecs pour obtenir une plus grande victoire. Cette culture est très difficile à maintenir à mesure que vous grandissez, surtout lorsque vous faites venir des gens qui viennent d’entreprises où elle n’existait peut-être pas. Pour assurer la réussite d’une entreprise, il est essentiel de savoir clairement quand récompenser les échecs afin de pouvoir ensuite viser de plus grands objectifs. 

Michael Hainsworth:  Les évaluations des employés sur le site montrent la capacité d’entreprendre de nouveaux projets avec des personnes passionnées en tant qu’élément positif. Les difficultés de croissance d’une entreprise en démarrage sont énumérées dans la colonne des inconvénients. Quelle est la plus grande difficulté de croissance que vous avez éprouvée? 

Michael Gilbert: Je dirais que la plus grande difficulté de croissance a été d’essayer de s’adapter à cette culture. Vous savez, lorsque nous étions 10 employés, il était assez facile d’encourager la prise de risque, d’être agile et d’essayer des choses. Maintenant que nous sommes plus de 200, cela devient plus difficile. C’est encore plus difficile lorsque tout le monde travaille à distance. Nous devons le faire en insistant sur nos valeurs fondamentales et sur les raisons pour lesquelles nous devons prendre des risques, nous sommes différents et cela aide nos clients. 

Michael Hainsworth: Avez-vous pensé à élargir l’équipe? Je regarde ici et il semble que la plupart des revenus que vous recevez proviennent de la région du nord-ouest du Pacifique. Pourquoi ne pas semer des graines ailleurs? Sans vouloir faire de jeu de mots. 

Michael Gilbert: Nous avions l’intention de lancer nos produits dans le nord de l’Italie, à Trente, qui a été l’épicentre de l’épidémie de COVID-19 en 2020 en Europe. C’est exactement là que nous voulions lancer nos activités. Ce n’était pas sans défis. Mais nous allons certainement à l’international. Nous avons maintenant des emplacements en Allemagne, en Espagne et en Italie. Nous y avons embauché du personnel. Nous avons aussi des sites en Amérique latine, au Chili. L’un des aspects positifs de notre entreprise est que pour les cultures que nous gérons, par exemple, un verger de pommiers, il y a beaucoup d’occurrences dans le monde. La plupart du temps, les agriculteurs ont exactement les mêmes problèmes, les mêmes insectes, les mêmes maladies, les mêmes problèmes d’irrigation. Nous pouvons donc transplanter notre solution d’une région du monde à une autre pour la même culture et connaître beaucoup de succès. 

Michael Hainsworth: Lorsque nous pensons à la sécurité alimentaire, y a-t-il une partie du monde où cette technologie est la plus nécessaire? 

Michael Gilbert:  L’alimentation et l’agriculture sont évidemment très réglementées. En fait, l’Union européenne est l’un des secteurs les plus progressistes à ce jour. Elle compte 28 pays et a maintenant conclu une nouvelle entente écologique. Dans le contexte du mandat, elle a exigé qu’en Europe, chaque agriculteur réduise d’au moins 50 % la quantité de pesticides utilisés. 50 %. Et je peux vous dire tout de suite qu’il est impossible de réduire la quantité de pesticides que vous pulvérisez tout en continuant d’offrir les produits de grande qualité que les consommateurs désirent sans une combinaison d’éléments biologiques comme une phéromone et de données pour rendre les décisions plus efficaces. Heureusement pour nous, nous offrons les deux. Les données et les phéromones. Et je pense que notre solution sera essentielle pour aider les cultivateurs européens à respecter cette échéance de réduction de 50 % des pesticides. 

Michael Hainsworth: Quelle est la prochaine étape de la technologie de sécurité alimentaire? 

Michael Gilbert:  Il y aura un moment, et nous y sommes probablement déjà, où les consommateurs voudront comprendre comment leurs aliments sont produits, où ils ont été produits, comment ils ont été produits et comment ils ont été transportés. C’est ce que nous commençons à constater aujourd’hui. Je pense que c’est ce vers quoi nous nous dirigeons. Je crois qu’il va y avoir une demande de transparence accrue et de transmission des données de la ferme jusqu’au consommateur. Et nous allons voir à quel point cela va se passer rapidement. Mais je peux certainement imaginer un moment où certains codes QR sur les aliments, lorsque vous les balayez avec votre téléphone, vous permettront de voir exactement comment et où les aliments sont produits. Et vous aurez votre mot à dire pour ce qui est de privilégier les cultivateurs qui utilisent les données pour prendre des décisions et qui accordent la priorité à la durabilité. 

Michael Hainsworth: Dr Gilbert, je ne peux m’empêcher de regarder par-dessus votre épaule pendant notre conversation par vidéo et de voir ce qui semble être un chapeau d’agriculteur accroché à l’arrière-plan. Allez-vous souvent dans les champs? 

Michael Gilbert:  Je passe beaucoup de temps à voyager le long de la côte et à rencontrer nos clients, à comprendre quels sont leurs points faibles et comment nous pouvons les aider. De nombreuses technologies ont été vendues dans ces marchés. Mais je peux vous dire que nos clients sont de bonnes personnes. Ils sont fortement axés sur la durabilité. Ils vivent et respirent dans cet environnement. Ils sont sur le sol et dans les arbres. La dernière chose qu’ils veulent faire, c’est de pulvériser ou d’être inefficaces. Nous sommes là pour les aider et leur permettre d’atteindre leurs objectifs. 

Michael Hainsworth: Dr Gilbert, merci beaucoup de votre temps et de vos commentaires. 

Michael Gilbert: Oh, pas de problème. Merci de m’avoir invité. 

Michael Hainsworth: Et Dr Charlebois, merci de votre temps. 

Sylvain: Je vous en prie. 

Michael Hainsworth: Pour en savoir plus sur Semios et sa technologie d’Internet des objets, visitez Semios.com ou demandez à votre agriculteur le rôle que joue la technologie dans la sécurité de nos aliments. Le Dr Sylvain Charlebois est directeur principal du laboratoire d’analyse agroalimentaire de l’Université Dalhousie. Suivez-le sur Twitter @FoodProfessor. Vous écoutiez le balado de Services financiers Innovation CBC, où nous apprenons les secrets de l’innovation, de l’économie et de la réussite des entrepreneurs qui ouvrent la voie à l’avenir. Si ce n’est pas déjà fait, je vous invite à vous abonner au balado dans Apple Podcasts, à donner une note à l’émission et à nous dire ce que vous en avez pensé. Je m’appelle Michael Hainsworth et je vous remercie de votre attention.